12

Assiettes de porcelaine et plats godronés, Mathilde de Santheuil s’était vraiment mise en peine.

Pendant le potage à la citrouille et aux courges, ils ne prononcèrent pas un mot et un silence pénible s’instaura sans qu’on y vît possible remède.

Enfin, n’y tenant plus, le comte se leva.

— Madame, me permettrez-vous une folie avec cette indulgence que le sens commun prête aux gens en bonne santé vis-à-vis de ceux dont la fièvre attaque la raison ?

Inquiète, Mathilde hocha la tête.

Aussitôt, le comte approcha son assiette et s’assit à un pied[5] de distance de Mathilde qui protesta :

— Mais… il ne convient pas à votre rang que je me trouve en bout de table et vous à mon côté.

Il lui adressa un léger sourire :

— Qui dit cela ?

— Mais… L’usage ! Votre haute noblesse et moi qui n’en ai point du tout.

Il l’observa avec curiosité, elle poursuivit avec peine :

— Monsieur de Santheuil était sans noblesse.

Il vit comme elle souffrait, battant le sol de ses talons sans même s’en rendre compte et le mouvement des cuisses de la jeune femme, qu’il apercevait du coin de l’œil, troubla le comte qui répondit d’une voix lente :

— À propos, ne m’appelez point « monseigneur », vous me donnez de la gêne.

Elle le regarda avec reconnaissance, consciente que les problèmes de rang ne figuraient pas au centre de ses préoccupations.

Ils échangèrent un sourire. Et ils restèrent ainsi un long moment avant de prendre conscience en même temps que ces attitudes tendres impliquaient des choses qui jetèrent le trouble de part et d’autre.

Mathilde apporta des œufs pochés au jus d’oseille, qu’ils mangèrent dans la bonne humeur, puis un excellent pâté de perdreaux.

Enfin, l’atmosphère se détendait après l’embarras entraîné par l’échange de sourires.

Lorsque Mathilde servit un faisan dans une sauce aux herbes, fenouil et champignons, il insista pour lui verser un verre de vin qu’elle accepta pour ne point vexer le comte.

Il gardait ses étranges manières, reliquats d’une excellente mais sévère éducation, à quoi se mêlaient les habitudes des camps. Ainsi, s’il ne rompait pas le pain mais le coupait selon les règles, il opérait avec le poignard tiré de la tige de sa botte et qui avait servi peu avant, à fendre la ceinture du duc de Beaufort.

Il n’avait déjà plus faim lorsque Mathilde déposa sur la table un plat d’étain où se voyaient trois fromages : fleury, grande chartreuse et morsalin de Florence.

Par politesse, il ne faiblit pas mais c’est avec soulagement qu’il vit arriver le dessert, des cerises confites accompagnées d’écuelles de lait d’amandes.

Le comte sentit qu’il devait faire compliment, le repas lui ayant semblé délicieux. Aussi ne réfléchit-il pas trop avant de déclarer :

— Vous devriez ouvrir auberge…

Mathilde de Santheuil ne vit point malice en ces paroles mais le comte s’inquiéta de l’interprétation que le jeune femme en pourrait faire ; aussi ajouta-t-il très vite, et assez maladroitement :

— … si votre rang ne vous l’interdisait !

Mathilde comprit aussitôt tout le cours de la pensée de Nissac et le soin qu’il mettait à ne pas la blesser la toucha profondément.

Toujours gêné, il lança :

— Il me faut partir, mes hommes vont s’inquiéter.

Mathilde laissa échapper un « Oh ! » qu’elle voulut rattraper en masquant ses lèvres de sa main gracieuse et expliqua :

— Sotte que je suis de l’avoir oublié !… Je me suis rendue ce matin rue du Bout du Monde où je rencontrai un monsieur de Fointenac.

— Frontignac ! coupa le comte.

— C’est cela même. Vos amis savent à présent la situation où vous êtes, comment la balle est ressortie de la blessure et que vous vous trouvez en lieu sûr. Monsieur de Frontignac a bien essayé de me suivre, mais il connaît mal Paris et je l’ai égaré rue Moncoufeil après lui avoir dit que vous étiez réfugié rue du Puits-qui-Parle, qui se trouve bien loin d’ici. Le pauvre !

Le comte allait répondre lorsque Mathilde laissa échapper un nouveau « Oh ! », qu’elle tenta une fois encore de faire oublier en posant la main sur sa bouche puis elle se leva, s’approcha d’un coffre sculpté dont elle souleva le lourd couvercle et revint avec deux petits objets qu’elle déposa devant Nissac en disant :

— Monsieur de Frontignac m’a remis cela pour vous, et que j’avais sottement oublié.

Nissac saisit sa pipe en terre au long et mince tuyau, ouvrit le petit sac contenant du tabac et bourra le fourneau.

Il s’approcha en claudiquant de la cheminée, saisit une braise avec les pincettes et aspira une longue bouffée avant de revenir s’asseoir près de Mathilde.

Il gardait le silence, regardant autour de lui la pièce où il faisait si bon vivre et cette femme si agréable à contempler.

Puis, d’une voix grave où perçait quelque émotion, il dit en observant les flammes qui mouraient en la cheminée :

— J’ignorais que tout cela existât. Je n’ai connu de la vie que le château de Carentan où m’éleva une tante sévère qui ne prit jamais époux, puis vinrent les camps, les garnisons et quelquefois mon vieux château de Saint-Vaast-La-Hougue battu par le vent, la pluie et la mer. Il fait toujours froid, on s’y promène à cheval dans la lande déserte, on y soupe pendant le chien et le loup…

— C’est un si vieux château ? demanda Mathilde.

— Et plus encore ! Avec tours, donjon, remparts, créneaux, douves et pont-levis. L’Anglais s’y est cassé les dents pendant toute la guerre de Cent Ans et depuis trois ou quatre siècles qu’il existe, il n’a jamais été conquis. C’est vérité flatteuse, on l’a assiégé, contourné et envoyé contre lui nombreux boulets mais nul ne l’a jamais pris aux seigneurs de Nissac. C’est aussi pour cela que je l’aime, comme on aime sans doute un vieux serviteur qui n’est plus de son époque mais qu’on n’a pas la force de renvoyer.

— Mais chose principale est que vous y soyez bien.

Nissac tira sur sa pipe en terre.

— C’est un bien curieux sentiment que j’éprouve à l’endroit du château des seigneurs de Nissac !… Je sais que là-bas, il est des jours bleus, absolument lumineux, mais lorsque j’y songe, ce n’est jamais en ces conditions. Je l’imagine toujours comme en ma petite enfance, du temps que mes parents n’étaient point morts. Je le vois sous un ciel gris traversé de filets d’argent, bas, monotone et triste, un ciel de désespoir avec la cloche de la chapelle appelant à vêpres, l’office du soir étant toujours le plus mélancolique qui soit. Ce qui est fort étrange, c’est que, malgré la grande tristesse qui est souvent mienne là-bas, j’y éprouve grand sentiment de sécurité.

Il regarda autour de lui et ajouta :

— Que je n’ai retrouvé qu’ici.

Puis, après un nouveau silence, il reprit très rapidement :

— À ceci près que votre maison est joyeuse. Là-bas, la tristesse ne me désarme pas et ce n’est pas le moindre paradoxe. Mes gens, un couple de vieux paysans qui vivent de mes terres, vont et viennent, me servent sans style, ce qui ferait fuir la plus modeste des baronnes de Paris. Je cours la lande à cheval, mon chien « Mousquet » jappant à mon côté. Le soir, je repense aux batailles, à la peur qui est la mienne, j’ose le dire, lorsque roulent les tambours et qui disparaît dans l’action. Je vois des visages d’Espagnols passés au fil de l’épée voilà des années pourtant. Dans ces moments-là, la mort et moi tisonnons côte à côte, tel un couple de vieillards assis devant la cheminée, pensifs et silencieux car ils n’ont plus rien à se dire. Je songe que je n’abandonnerai jamais mon vieux château fort, qu’aucune femme de bonne naissance n’acceptera d’y vivre et, depuis les tours, je regarde la mer qui me fut interdite.

— Le père Angello, confesseur du cardinal, m’a conté votre histoire bien triste, monsieur le comte.

Pensif, il lui prit la main mais ce geste innocent les fit se dresser à demi tous les deux, en grand émoi, et le comte lâcha la main de madame de Santheuil comme s’il tenait une braise.

Cependant, son regard souvent si sombre conservait une expression de tendresse lorsqu’il répondit :

— Elle vaut un peu la vôtre. Vous fûtes abandonnée à dix ans, j’étais orphelin au même âge… Au fait, c’est folie de m’avoir donné votre chambre, celle que vous partagiez avec monsieur de Santheuil.

Il se méprisa de lancer pareil filet, si vil piège au détour de la conversation, cependant Mathilde s’en amusa :

— Ah, mais pas du tout. Cette chambre était celle de monsieur et madame de Santheuil. Il avait beaucoup aimé sa femme et couchait dans ce grand lit qui fut le leur et où elle s’éteignit. Il disait…

Elle hésita à poursuivre, le comte l’y encouragea :

— Que disait monsieur de Santheuil ?

Elle baissa les yeux :

— Qu’elle serait mienne lorsque je prendrais époux.

Nissac souffrit à cette perspective, mais n’en laissa rien paraître :

— Vous devriez y songer.

— C’est vous qui dites cela, monsieur le comte ?

— Oh, moi… J’ai trente-huit ans, à présent.

— Et moi vingt-huit. Si bien qu’à suivre votre exemple, je peux encore attendre.

— Je ne croirai jamais que nul ne s’est encore déclaré.

Elle détourna le visage et il comprit qu’elle se retenait de pleurer. Puis, surmontant cette passagère détresse :

— Oh, mais si. Ils sont quelques-uns. L’apothicaire de la rue Neuve-Saint-Merry, le notaire de la rue des Lombards, l’avocat de la rue de la Verery et quelques autres encore auxquels je pourrais ajouter les clercs de basoches[6] disant sur mon passage…

Elle s’arrêta brusquement. Le comte, les yeux fermés, serrait les dents. Elle approcha une main tremblante du front de Nissac : il était brûlant.

— La fièvre est revenue ! dit la jeune femme avant d’ajouter : il faut vous coucher sans tarder. Y arriverons-nous, monsieur le comte ?

— À nous deux, nous pourrions aller au bout de la vie ! dit-il en la prenant aux épaules pour ne pas tomber.

Elle crut qu’il délirait, et le regretta vivement.

Au reste, il ne délirait point.

Il s’agitait de plus en plus et le froid grandissait comme la nuit avançait. Elle descendit plusieurs fois et remonta avec une bassinoire pour tiédir le lit ou des cruchons remplis d’eau très chaude qu’elle installait sous la plante des pieds de Nissac et celui-ci, chaque fois, semblait émerger des grandes fièvres pour dire « merci ».

Mais l’effet bienfaisant durait peu et, bientôt, le comte claquait des dents, le front brûlant.

On n’y pouvait rien. La petite maison était exposée au nord et il y régnait l’hiver un froid glacial en les étages.

Mathilde de Santheuil savait ce qu’il convenait de faire mais sa pudeur la paralysait. Elle restait assise à côté de ce grand corps étendu et grelottant, mais s’alarma lorsque le comte murmura :

— Dieu, qu’il est donc difficile de crever enfin !

Alors, elle dévêtit Nissac. Si elle s’étonna qu’un corps d’homme pût être si dur, si musclé, elle fut stupéfaite de découvrir une dizaine de cicatrices des épaules jusqu’aux cuisses. Qu’était-ce, tout cela ? Coups de rapière, de mousquet, de poignard, de pistolet, brûlures de poudre…

Cependant, loin d’en éprouver du dégoût, elle caressa d’une main légère chaque cicatrice avec cette tendresse qu’on réserve à un enfant batailleur qui tout à la fois vous inquiète à risquer si bêtement sa vie et suscite votre admiration pour le mépris en lequel il tient le danger.

Elle ouvrit le lit et installa le comte puis, avec des gestes lents et réfléchis, elle se dévêtit, se coucha sur l’homme et remonta sur eux couvertures et courtepointe.

Il gémit en sentant cette chaleur nouvelle. Elle pleura de plaisir en sentant les bras d’acier qui se refermaient sur sa taille menue.

Elle songea bien à dire une prière mais préféra baiser cette bouche aux lèvres sensuelles et aux dents très blanches, si plaisamment écartées sur le devant.

Alors elle murmura :

— Tant pis, je serai damnée mais je ne regretterai jamais cet instant, mon amour.

Dehors, le vent soufflait en tempête dans les petites rues du quartier Neuve-Saint-Merry, toutes ces rues noires et désertes où la patrouille des archers refusa de se risquer au motif que le vent soufflerait les falots.

Elle se leva cinq heures plus tard. La fièvre avait quitté le comte.

Nue, elle sortit du lit et se vêtit dans la pièce du bas. Elle alluma le feu et prépara un bouillon léger puis, courant chez le boulanger qui n’avait point ouvert encore son échoppe, elle le tira du fournil pour lui acheter une fougasse.

Le vent était tombé mais il faisait encore bien sombre.

Elle marchait à pas lents en songeant avec une joie qui la faisait sourire : « Eh bien voilà, je suis une femme, et c’est délicieux d’être une femme ! »

Puis l’angoisse la saisit : le comte s’était-il aperçu de…

Elle rougit.

Tout s’était passé si vite, au plus fort de la fièvre. Les bras puissants l’avaient déplacée, la posant sur le dos. On l’avait caressée et embrassée de la tête aux pieds tandis qu’elle pleurait de bonheur. Enfin, il y avait eu cette brève douleur et ce plaisir inconnu qu’elle ne soupçonnait même pas, ses propres cris, ce halètement…

Elle pria pour que le comte n’eût aucun souvenir de cette nuit.

Nissac, torse nu, fit une toilette rapide puis s’habilla.

Il se sentait de méchante humeur.

Très en colère après son rêve mais n’était-ce point grande bêtise que d’en vouloir si fort à un rêve, une pauvre chimère ?

— Oui, mais celui-ci était trop beau et la réalité bien triste.

Il revoyait sans cesse le corps et le visage de Mathilde.

Il arrêta ses gestes et sourit.

— Si belle, si douce, si fondante dans mes bras.

La chose le troublait, cependant. Le petit cri de douleur de Mathilde : les rêves sont-ils donc si précis qu’ils prennent le temps de vous expliquer que c’est une vierge qui se presse contre vous ?

Mathilde entra à cet instant.

Leurs regards se croisèrent.

Ils hésitèrent. Il s’en fallut de bien peu qu’ils ne se jettent dans les bras l’un de l’autre mais dans l’ignorance où chacun se trouvait des pensées de l’être qui lui faisait face, il ne se produisit rien.

Au reste, Nissac craignait, ne serait-ce que par une allusion, de passer pour un soudard quand Mathilde ne voyait absolument plus comment justifier ce qui, peu auparavant, lui avait semblé si beau et si naturel.

On but le bouillon en silence, le comte de Nissac coupa la fougasse sans un mot.

Ce fut sinistre, comme cette aube de décembre qui se levait sur la ville.

Puis, d’un geste élégant, la comte posa sa longue cape noire sur ses larges épaules et tout de même, bien que leur différence de condition proscrivît un tel geste, il embrassa un peu plus longuement qu’il n’est séant la main de Mathilde.

Enfin, l’air désolé, il lui dit :

— Je dois partir, madame de Santheuil. Je ne vous remercierai jamais trop de m’avoir ouvert votre porte et si gentiment traité. J’en informerai le cardinal.

Malgré elle, bien qu’elle se l’interdît, elle lança :

— Vous voilà de fort méchante humeur, monsieur le comte. Auriez-vous fait un mauvais rêve ?

Il sourit, convaincu, à présent, qu’il ne s’était rien passé. Puis, coiffant son feutre marine à grandes plumes rouges et blanches, il répondit en tentant de cacher son amertume :

— Madame, ne m’en veuillez point. Tout au contraire certains rêves sont si beaux qu’on voudrait ne jamais s’éveiller et l’est-on, ils vous laissent au matin fort chagrin devant une réalité d’une grande tristesse.

Il rabattit le feutre sur ses yeux et sortit sans ajouter un mot.

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